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Depuis le 1er janvier, l’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage sont regroupés au sein du nouvel Office français de la biodiversité.
ofb.gouv.fr
Principaux habitats en zone de montagne
Sommaire
Les biotopes et leur peuplement animal
Utilisation des milieux par la grande faune de montagne
Impact de l’exploitation des milieux sur certaines espèces de faune de montagne
Préconisations techniques pour un plan d’action
Les milieux de montagne, c’est à dire ceux situés à une altitude supérieure à 1000 m présentent une biodiversité remarquable en raison de leur relief qui offre à la flore et à la faune des conditions écologiques variées. Ils viennent de subir sur le dernier siècle de prodigieuses transformations qui se déroulent encore actuellement sous nos yeux. |
Un milieu très marqué par la déprise agricole et forestière
Au cours du XXème siècle, l’agriculture et l’exploitation forestière des espaces les moins productifs ont été délaissés en raison de l’exode rural et des transformations de l’environnement économique (coût de la main d’œuvre, baisse continue en valeur relative des produits agricoles ou forestiers)…La diminution de la pression pastorale ou forestière, voire l’abandon de toutes pratiques, ont été suivies d’une forte dynamique naturelle de reforestation et de remontée de la végétation.
Un milieu marqué par l’explosion des loisirs de nature et des voies de circulation
Les activités de loisir de nature ont connu un développement spectaculaire à partir des années 1950 (le nombre d’aménagements touristiques des Alpes françaises a été multiplié par 20 entre 1950 et 1997 - IFEN). Cette augmentation du tourisme d’hiver et d’été s’est accompagnée d’une explosion de la fréquentation routière, source de fragmentation des domaines vitaux de la faune de montagne (280 et 330 % pour les poids lourds entre 1984 et 1995 respectivement dans les Alpes françaises et les Pyrénées - IFEN).
1. Les biotopes et leur peuplement animal
Remarque : la typologie présentée ci-dessous est centrée sur les vertébrés, grands mammifères et oiseaux. Du fait de cette option, certains milieux naturels (glaciers, torrents et lacs de montagne, cavités souterraines…) ne sont pas mentionnés. Pour chaque type de milieu sont précisées la tendance d’évolution et les espèces animales prioritaires en termes d’enjeux de conservation. |
Terres agricoles et friches
Elles regroupent les prés naturels fauchés, les prairies artificielles, les cultures vivrières de montagne et les terres cultivées récemment abandonnées.
Ces zones agricoles ont tendance à régresser du fait de leur faible productivité et des contraintes de mécanisation. C’est l’intensification des pratiques, là où l’exploitation est maintenue, qui engendre une altération
des milieux (traitements phytosanitaires, piétinements…). A la sortie de l’hiver, il n’est pas rare de rencontrer des mouflons, et parfois même des bouquetins, pâturer l’herbe tendre d’une prairie ou d’une culture de céréale. Les milieux agricoles d’altitude abritent une avifaune remarquable que l’on retrouve en plaine : citons entre autres le râle des genêts, la caille des blés, la pie-grièche écorcheur et l’alouette des champs.
Les tourbières
Ces milieux humides, situés à moyenne et haute altitude, sont très menacés du fait de leur colmatage naturel, de leur comblement lors des travaux de création de pistes ou, plus récemment, de leur transformation en plans d’eau destinés à alimenter les canons à neige.
Les marécages d’altitude sont très recherchés par les grands tétras dans les Vosges, le Jura et les Pyrénées comme places de chant, sites d’élevage des jeunes et zones d’alimentation.
Pelouses et prairies d’altitude
Ces formations herbacées xérophiles à hygrophiles comprennent les pelouses et prairies non fertilisées de moyenne et de haute montagne ainsi que les reposoirs des troupeaux domestiques. Elles ont été façonnées par l’homme qui a utilisé le feu, le déboisement et le pâturage par les animaux domestiques pour accroître la superficie des terrains cultivés et des parcours. A la fin du XIXème siècle les gestionnaires sont intervenus pour limiter dans certains massifs l’ampleur de cette déforestation qui entraînait des risques d’érosion des sols. Reboisements, enrésinement spontané et embroussaillement des terres en déprise ont de nos jours considérablement réduit ces espaces ouverts.
Les prairies mésophiles subalpines fournissent des sites favorables pour la nidification et l’élevage des jeunes du tétras-lyre. Pendant la reproduction et à l’automne, la bartavelle et la perdrix grise des Pyrénées fréquentent les pelouses subalpines et alpines rocailleuses où elles peuvent côtoyer le lagopède au voisinage des crêtes sommitales. Les pelouses abritent aussi des oiseaux de milieu ouvert ubiquistes (par exemple l’alouette des champs, le traquet motteux et le rougequeue noir) ainsi que des espèces « spécialistes » telles que les rapaces nécrophages, le bruant ortolan, le pipit rousseline et plus rarement le pluvier guignard.
Les ongulés, bouquetins des Alpes, mouflons, chamois et isards ainsi que la marmotte trouvent dans ces formations herbacées une ressource alimentaire appréciable durant la belle saison.
Rochers, falaises, lapiaz, couloirs d’éboulis, pierriers et arêtes d’altitude
Ces milieux dominés par l’élément minéral, à couverture végétale réduite ou quasiment absente, constituent les milieux les plus stables en montagne.
Les falaises abritent les aires de nidification de rapaces tels que le gypaète barbu, l’aigle royal, le faucon pèlerin et le hibou grand-duc. Ces trois derniers rapaces sont des prédateurs de la bartavelle et du lagopède qui affectionnent en toute saison les milieux rocheux situés, pour la première en exposition chaude, et pour le second en exposition fraîche. Tous les ongulés de montagne, bouquetins des Alpes, chamois, isards et mouflons sont bien évidemment des animaux rupestres, adaptés à vivre dans des terrains au relief accidenté.
Les milieux rocheux sont aussi le lieu de vie d’autres espèces dites « d’intérêt patrimonial » comme le crave à bec rouge, le merle de roche, le tichodrome échelette et la niverolle alpine.
Landes et landines
Ces formations ligneuses buissonnantes sont en général dominées par des genêts ou des éricacées. A moyenne altitude, elles correspondent à des stades secondaires entre milieux défrichés et forêts. Elles sont susceptibles de disparaître ou régresser fortement par la dynamique naturelle en l’absence d’interventions humaines. Suivant les conditions écologiques (acidité du sol, durée d’enneigement, altitude) on distingue la lande d’adret (ou soulane dans les Pyrénées) qui se développe aux étages montagnard et subalpin, de la lande d’ubac cantonnée à l’étage subalpin et symbolisée par le rhododendron ferrugineux. Il existe aussi des landes fermées (les arbrisseaux forment un tapis dense) ou ouvertes (les plantes herbacées dominent sur les arbrisseaux). A l’étage alpin, la taille des arbrisseaux diminue et les formations ligneuses rabougries qui s’y développent, qualifiées parfois de landines, ressemblent fort à la toundra arctique.
Les landes d’adret ouvertes constituent l’habitat de reproduction typique de la perdrix bartavelle dans les Alpes et de la perdrix grise des Pyrénées. On y rencontre aussi le tétras-lyre qui, relativement indifférent à l’exposition, apprécie autant les landes d’ubac à rhododendron et myrtille. Celles-ci sont aussi utilisées comme sites d’élevage des jeunes par le grand tétras dans les Pyrénées. A l’étage alpin, les landines constituent l’habitat de prédilection du lagopède alpin. Les landes de moyenne et haute altitude sont également très fréquentées par les mouflons, bouquetins des Alpes, chamois, lièvre variable et, dans les Pyrénées, par l’isard et l’ours.
L’aigle royal montre une préférence pour les milieux ouverts, landes et pelouses ,qui lui permettent d’optimiser l’efficacité de ses chasses, notamment la capture de sa proie principale la marmotte. Enfin d’autres espèces fortement liées aux landes comme la huppe fasciée, l’alouette lulu ou le bruant fou méritent d’être suivies en raison de la vulnérabilité de leur statut.
Mégaphorbiaies et fourrés d’aulnes
Ces milieux humides, difficilement pénétrables, jouent surtout un rôle de refuge pour les animaux. Par exemple les mégaphorbiaies et fourrés de l’étage subalpin sont utilisées par les petit et grand tétras pendant la mue estivale de leur plumage comme zone de quiétude, et aussi par des ongulés et par l’ours pour se protéger de la chaleur ou s’alimenter. Sur certains massifs, Alpes du Nord et Corse notamment, les mégaphorbiaies et les aulnaies (aulne vert et aulne de Corse) ont tendance à devenir envahissantes depuis la déprise agricole. Dans les Alpes du Nord, des gestionnaires mènent des opérations de débroussaillage mécanique dans le but de restaurer un habitat favorable au tétras-lyre.
Pré-bois et forêts d’altitude
Ces formations végétales dominées par les ligneux de plus de 4 mètres de hauteur se développent aux étages montagnard et subalpin de tous les massifs montagneux. La variété des essences et de la structure des forêts d’altitude mais aussi les catastrophes naturelles fréquentes (avalanches et glissements de terrain) contribuent à la diversité remarquable des faciès. Depuis un siècle, on assiste dans tous les massifs montagneux de France à une forte extension des forêts qui s’accompagne d’une évolution qualitative en faveur des résineux.
Les forêts de l’étage montagnard aux structures irrégulières, composées d’une mosaïque de petits peuplements d’âges différents, répondent bien aux exigences de la gélinotte des bois, à condition qu’elles comportent des bosquets de feuillus pour la nourriture hivernale. Le grand tétras affectionne les forêts peu morcelées, le plus souvent claires et âgées, et composées de conifères purs ou mélangés de feuillus. Le tétras-lyre fréquente les boisements clairs subalpins, riches en myrtille et en plantes herbacées. La bartavelle utilise également des habitats forestiers, comme les mélézeins ou des pinèdes en zone escarpée.
Tous les grands herbivores fréquentent, à une saison ou une autre de leur cycle annuel, des milieux forestiers qui leur procurent un abri et /ou une ressource fourragère. Ainsi peut-on rencontrer le bouquetin des Alpes dans des sapinières humides ou dans des pinèdes sèches, le chamois et l’isard dans des bois de conifères, des chênaies ou des hêtraies, le mouflon méditerranéen et le mouflon de Corse dans des chênaies vertes, des pinèdes, bétulaies et hêtraies. Parmi les grands prédateurs, le lynx est fortement lié à des secteurs forestiers très variés (conifères et feuillus) tant qu’ils lui procurent des proies abondantes (ongulés). Dans les Pyrénées l’ours fréquente assidûment les peuplements forestiers, notamment les hêtraies-sapinières et les pinèdes clairsemées. Pour assurer leur tranquillité, ces deux prédateurs exigent des entités forestières continues de grande taille (supérieures à 200 km2 pour le Lynx, supérieures à 1000 km2 pour l’Ours). Les forêts font aussi partie du domaine vital du loup, mais celui-ci, plus généraliste que le lynx ou l’ours, peut s’adapter à des conditions écologiques très variées, comme l’atteste sa présence ancienne sur l’ensemble du territoire français en plaine comme en haute montagne.
Enfin notons que les versants les plus raides, dont l’exploitation a été abandonnée, offrent des îlots de sénescence propices à l’installation de certaines espèces rares telles que le pic à dos blanc (Pyrénées) et le pic tridactyle (Alpes). Les forêts de montagne abritent aussi des rapaces nocturnes à fort enjeu de conservation, comme la chevêchette d’Europe et la chouette de Tengmalm.
2. Utilisation des milieux par la grande faune de montagne
Contrairement aux galliformes de montagne souvent liés à des milieux précis, la grande faune de montagne a avant tout besoin de vastes espaces sauvages diversifiés plutôt que d’habitats particuliers. Ils peuvent ainsi y développer leur vie sociale, car leurs domaines vitaux sont très étendus et souvent différents d’une saison à l’autre. Les grands herbivores peuvent également y trouver des zone-refuges pour fuir leurs prédateurs. Par ailleurs, la majorité de ces espèces ayant été introduites, réintroduites ou en voie de repeuplement, l’Homme a considérablement diversifié les environnements qu’elles utilisent à présent. Enfin, même si elles expriment logiquement chacune des préférences, elles savent toutes apparemment s’adapter à des conditions écologiques sub-optimales. Les habitats d’une espèce sont donc étonnamment variés au niveau local d’une population comme d’une région à l’autre.
3. Impact de l’exploitation des milieux sur certaines espèces de faune de montagne
Un grand nombre d’espèces, les galliformes de montagne en particulier, sont fortement affectées par la dynamique d’enfrichement car certaines occupent des habitats correspondant à des milieux exploités par l’Homme au cours des siècles. Ces milieux sont représentés par des stades transitoires, susceptibles de disparaître ou régresser fortement par la dynamique naturelle en l’absence d’interventions humaines.
C’est ainsi que la superficie des habitats de tous les galliformes de montagne a régressé depuis les années 1960. Les causes principales sont le développement des infrastructures touristiques, le déclin des activités agro-pastorales et la transformation de certaines pratiques sylvicoles ou pastorales. | ![]() |
Photo : Jean François Marsalle © |
La plus forte perte d’habitat s’est produite à basse altitude dans le Nord-Est de la France, ce qui explique la quasi-disparition du tétras-lyre dans les Ardennes et la disparition totale de la gélinotte des départements de la Haute-Marne et de la Saône-et-Loire. Les habitats du grand tétras et de la gélinotte ont également reculé dans les forêts de production des Vosges et à un degré moindre dans le Jura et les Pyrénées. Dans les Alpes du Nord, c’est aux marges de l’aire de répartition du tétras-lyre que son habitat a le plus régressé, suite à l’embroussaillement d’anciens pâturages. L’exception à la règle se trouve dans les Alpes du Sud, où de nouveaux habitats forestiers favorables à la gélinotte se développent, suite à la régénération naturelle observée sur d’anciennes coupes à blanc ou sur des pâturages abandonnés. La régression des habitats de la perdrix bartavelle et de la perdrix grise des Pyrénées s’explique par l’abandon de l’agriculture autarcique de montagne qui, jusqu’à un passé récent, permettait l’entretien d’un habitat favorable à l’espèce à travers les cultures, la fauche et un pâturage extensif d’intersaison. De tous les biotopes, celui du lagopède a subi le moins de transformation. Néanmoins l’accroissement du nombre de domaines skiables à l’étage alpin au cours des dernières décennies a entraîné une réduction de l’habitat disponible pour cette espèce. Le développement d’activités de loisir hivernales (raquettes, chiens de traineau) dans les massifs forestiers d’altitude compromet la tranquillité des zones refuge utilisées par les tétraonidés. C’est un facteur de réduction de la survie hivernale.
Les impacts de l’évolution des paysages sur la grande faune sont par contre méconnus. Notamment, parce qu’à l’opposé des galliformes, la grande majorité des espèces et des populations concernées ont fait une réapparition trop récente qui se compte en quelques décennies seulement ; c’est le cas du bouquetin, du mouflon, du lynx et du loup, et plus récente encore en montagne pour le cerf et le chevreuil ; et pour les espèces « anciennes » (chamois, isard, ours), leurs statuts passés et l’historique des autres facteurs limitants (chasse, braconnage, impacts climatiques, etc.) sont trop mal connus pour en tirer des enseignements constructifs.
Pour les grands herbivores, les zones escarpées et très rocheuses nécessaires au bouquetin sont certainement les moins affectées. Pour le chamois, l’isard et le mouflon, la fragmentation de l’habitat et la fermeture des milieux pourraient avoir beaucoup plus de conséquences à long-terme, dont l’ampleur va dépendre du maintien d’une économie pastorale dans les massifs de montagne. Pour le lynx, la fragmentation est certainement négative, mais le développement forestier est par contre un atout ; on peut ainsi espérer le retour à long-terme à des forêts de plus en plus complexes et diversifiées au niveau structural et architectural donc plus accueillantes. Pour l’ours, la réduction de l’habitat disponible à l’échelle du paysage et sa fragmentation sont nettement défavorables ; dans les Monts Cantabriques, elles ont conduit à la création de deux sous-populations définitivement isolées l’une de l’autre. Dans les Pyrénées, les effets de la fragmentation sont actuellement contrastés ; alors que les ours autochtones semblent confinés à certains massifs forestiers et ne traversent pas ou rarement les grands axes routiers, certains mâles réintroduits se dispersent sur de grandes distances et traversent régulièrement les routes à fort trafic. Quant au loup, d’autres facteurs limitants notamment humains et alimentaires doivent bien sûr être pris en compte avant d’évoquer ses habitats.
Ainsi, globalement, la tendance d’évolution des habitats de la faune de montagne apparaît assez contrastée suivant les espèces. Si elle est loin d’être alarmante pour les grands mammifères, elle mérite par contre d’être prise très sérieusement en compte pour les galliformes de montagne. Au-delà de ces disparités, l’avenir de la petite comme de la grande faune de montagne repose essentiellement sur les futures politiques publiques qui seront mises en place, notamment les plans de gestion locaux et les schémas d’aménagement régionaux.
4. Préconisations techniques pour un plan d’action
Les grandes lignes d’un plan d’action pourraient être :
- le maintien d’une mosaïque de structures végétales variées sur un site afin de multiplier les habitats potentiels pour des espèces animales plus nombreuses. Cette diversification spatiale peut tout à fait être dynamique si la gestion joue sur les successions végétales herbacées, arbustives et arborées dans le temps ;
- la préservation de certains habitats spécialisés pour assurer la conservation d’espèces rares ;
- la réduction des impacts des activités sportives de nature dans les zones à vocation touristique ;
- la mise en œuvre d’un plan de gestion intégré qui soit compatible à l’échelle locale avec les pratiques des éleveurs, des agriculteurs, des chasseurs ou des forestiers ;
- la prise en compte des exigences spatiales des espèces de la faune de montagne dans les schémas d’aménagement régionaux (routes, stations de sports d’hiver).
La mise en oeuvre d’un tel plan d’action passe par la concertation et la négociation de compromis réciproques acceptables par les différents intervenants sur les espaces naturels. C’est en veillant à la cohérence des mesures préconisées avec les impératifs économiques et sociaux que la faune de montagne pourra bénéficierà grande échelle des effets positifs de cette gestion.
L’annexe ci-jointe liste les mesures de gestion susceptibles d’être favorables aux grands mammifères et aux galliformes de montagne et les facteurs défavorables aux grands mammifères et galliformes de montagne.
Rédacteur : Ariane BERNARD-LAURENT
Avec la contribution de : Robert Corti, Dominique Dubray, Laurent Ellison, Yann Magnani, Emmanuel Ménoni, Jacques Michallet Claude Novoa, (CNERA FM), Jean-Jacques Camarra, Christophe Duchamp, Eric Marboutin, Pierre-Yves Quenette (CNERA PAD)
Mise à jour le 10/02/2011